Le temps presse pour protéger la Méditerranée, avertit Oceana

 

Communiqué de presse. Date: 2 octobre 2023

Location: Malta

Contact: Emily Fairless | email: efairless@oceana.org | tel.: +32 478 038 490

Les pays méditerranéens doivent accélérer les fermetures de pêcheries afin de protéger les écosystèmes des eaux profondes

À quatre ans de la conclusion de leur engagement sur dix ans pour la préservation des réserves halieutiques méditerranéennes, les ministres de la pêche se réunissent à Malte du 3 au 4 octobre pour examiner la mise en œuvre de leurs engagements pris en 2017 dans le cadre de la Déclaration interministérielle de Malte MedFish4Ever. L’analyse réalisée par Oceana sur le respect de ses engagements par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) montre que sur 20 engagements évalués, seuls 7 ont été tenus, 8 ont été partiellement tenus, 3 n’ont enregistré aucun progrès significatif, et que les informations disponibles pour les 2 derniers sont insuffisantes pour procéder à leur évaluation. L’organisation de protection des océans appelle les ministres à prendre des mesures urgentes pour reconstituer les réserves halieutiques méditerranéennes et restaurer les écosystèmes.

Depuis 2015, la Méditerranée constitue l’un des espaces marins au monde les plus affectés par la surpêche. Aujourd’hui, 73 % des réserves de poissons méditerranéennes évaluées sont pêchées en dehors des limites de durabilité biologique, et en moyenne, la pression de pêche exercée duplique les niveaux considérés comme durables. C’est la raison pour laquelle les ministres de la pêche du pourtour méditerranéen se sont engagés en 2017 à inverser cette situation.

Vera Coelho, vice-présidente adjointe d’Oceana en Europe, déclare : « Les ministres de la pêche du pourtour méditerranéen doivent faire plus que simplement écrire de belles paroles sur le papier ; ils doivent remplir les objectifs promis suivant le calendrier établi pour sauver notre mer la plus surexploitée. Il faut en priorité protéger les écosystèmes fragiles des eaux profondes contre la destruction causée par le chalutage de fond, en accélérant la création de zones interdites au chalutage, ainsi que créer un mécanisme de conformité doté de mesures dissuasives contre les pays qui ne luttent pas assez contre la pêche illégale. »

Ce que l’analyse d’Oceana révèle :

  • Tandis que des avancées ont été faites pour mettre en place des plans de gestion pour les espèces les plus soumises à la surpêche, telles que le merlu et les crevettes d’eau profonde, seules 35 % des espèces méditerranéennes prioritaires sont couvertes par un plan de gestion multi-annuel, alors que l’objectif était qu’elles soient toutes protégées d’ici à 2020.
  • La CGPM a été la première organisation de gestion de la pêche régionale à interdire le transbordement maritime et à créer des programmes communs d’inspection des pêcheries, qui permettent aux pays de réaliser des patrouilles conjointes en mer. Cependant, la CGPM n’a pas mis en place de système permettant d’intervenir contre le non-respect répété des règles en matière d’activités de pêche illégales ; elle n’a inscrit qu’un seul navire dans sa liste des navires illégaux depuis 2018, et une grande partie de la flotte des pays membres de la CGPM ne dispose pas de dispositifs de suivi de navires à bord.
  • La CGPM a mis trop longtemps à protéger les habitats essentiels aux populations de poissons et à délimiter des zones interdites aux techniques de pêche destructives comme le chalutage de fond. Mis à part l’interdiction du chalutage en-dessous de 1000 m de profondeur, les zones de pêche règlementée établies par la CGPM représentent moins de 1 % de la Méditerranée, alors que l’objectif initial était d’en protéger au moins 10 % d’ici à 2020.

Alexandra Cousteau, conseillère auprès d’Oceana, indique : « Les eaux profondes de la Méditerranée sont encore relativement peu explorées, mais nous savons en revanche qu’elles hébergent des habitats formant des communautés riches en biodiversité, comme les coraux d’eau froide uniques du banc de Cabliers. Les ministres de la pêche du pourtour méditerranéen doivent créer des zones de pêche règlementées autour de ce récif afin de garantir sa protection adéquate à long terme contre les impacts du chalutage de fond. »

Pour plus d’informations :

Fiche technique : Bilan des réalisations depuis la Déclaration MedFish4Ever

Vidéo Protéger Cabliers

Version en Anglais

Version en Espagnol