OCEANA EXHORTE LES ETATS MEMBRES À METTRE FIN À DES ANNÉES DE GASPILLAGE DES RESSOURCES
Alors que 1,3 million de tonnes de poissons sont jetées à la mer chaque année, la proposition européenne d’interdiction des rejets ignore 95% des espèces commercialement exploitées
Lundi prochain, les ministres de la pêche des 27 Etats membre se réuniront à Bruxelles pour discuter dans le cadre de la réforme de la Politique Commune de la Pêche de l’interdiction des rejets proposée par la Commission européenne. Parce que les rejets en mer posent des problèmes tant éthiques qu’environnementaux, Oceana soutient fermement qu’une obligation de débarquer toutes les captures accompagnée des mesures techniques pour réduire et éliminer les captures indésirées, reste la meilleure façon de mettre fin à ce gâchis de ressources.
En dépit de nombreuses années de politiques européennes visant à réduire les captures accidentelles, les rejets représentent aujourd’hui encore 13% des captures européennes soit environ 1, 3 million de tonnes jetées par-dessus bord chaque année. Pourtant, en l’état actuel, la proposition de la Commission ne s’applique qu’à un nombre limité d’espèces commercialement exploitées (environ 5%). Oceana demande aux Etats membre de soutenir la mise en place d’une interdiction générale des rejets en mer pour toutes les espèces commercialement exploitées, suivant un calendrier précis et graduel qui permette à la flotte de s’adapter.
« Cette pratique nuit à l’état des stocks, à l’équilibre des écosystèmes et de la biodiversité, et menace ainsi l’avenir des pêcheries européennes » s’est exprimé Ricardo Aguilar, directeur scientifique d’Oceana Europe. « Seule une obligation de débarquer toutes les captures créera une incitation suffisamment forte pour changer les pratiques et privilégier des techniques de pêche plus sélectives.»
Pour autant, l’obligation de débarquer les captures doit s’accompagner de mesures techniques visant à améliorer la sélectivité et d’un programme complet sur l’utilisation de ces captures additionnelles. Les propositions de la commission sur la commercialisation des captures indésirées sont inacceptables en l’état. Oceana demande que le produit de la vente des captures indésirées soient reversés dans un fonds géré par une administration des Etats membres, et utilisés de façon à bénéficier indirectement au secteur la pêche, par exemple en contribuant aux coûts de la recherche scientifique, de la recherche et développement pour améliorer la sélectivité des engins de pêche, ou encore aux coûts de activités de contrôles.
« La commercialisation des captures indésirées, leur transformation en farine ou huile de poisson ou encore la création d’un marché pour les poissons juvéniles soulèvent autant de problème éthiques que la pratique des rejets elle-même » a ajouté Javier Lopez, scientifique marin à Oceana. « Le simple fait de débarquer au port les captures indésirées ne répond que partiellement au problème des rejets. D’autres mesures doivent accompagner l’interdiction, pour éviter de capturer ce qui ne doit pas l’être, et ainsi s’attaquer à la source du problème. »
La proposition de la Commission européenne pour réformer de la politique commune de la pêche est actuellement débattue par les Etats membre et le Parlement européen et l’adoption du texte final est prévue en 2013.
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