40% des produits de la mer transformés examinés par Oceana en France manquent de données sur le nom de l’espèce, l’origine ou la méthode de pêche

 

Oceana exige davantage d’informations pour les consommateurs sur les produits de la mer en France et dans l’UE 

Les produits transformés comme le thon en conserve, le surimi ou les bâtonnets de poisson panés ne doivent pas présenter d’informations fondamentales à l’attention des consommateurs 

 

Press Release Date: September 19, 2024

Location: Brussels

Contact: Irene Campmany | email: icampmany@oceana.org | tel.: +34 682 622 245

Oceana appelle la Commission européenne à exiger davantage d’informations pour les consommateurs sur les produits de la mer transformés. Dans un nouveau rapport, l’organisation a révélé que pour 40% des produits de la mer transformés analysés en France, le troisième plus grand consommateur de produits de la mer en Europe, il est impossible de déterminer l’espèce, l’origine et l’engin de pêche utilisé. C’est le cas de produits tels que les sardines en conserve, les bâtonnets de poisson panés ou le surimi, et cette situation contraste avec l’obligation d’information à l’attention des consommateurs pour les produits de la mer frais entrant sur le marché de l’UE. 

 « Étant donné que les informations à l’attention des consommateurs ne sont pas obligatoires pour les produits de la mer transformés dans l’UE, les citoyens français ne savent pas quels produits ils mangent, d’où ils viennent, ni comment ils ont été pêchés. Par exemple, l’étiquette d’un produit en conserve indiquant contenir du “thon” peut faire référence à l’une des 8 espèces de thon différentes sur le marché français, dont certaines victimes de surpêche. L’amélioration de l’information et le renforcement de la transparence permettraient non seulement aux consommateurs de prendre des décisions éclairées et durables, mais aideraient également les autorités à combattre la pêche illégale, la fraude alimentaire, les violations des droits humainset le commerce international illicite » a déclaré la directrice de la campagne d’Oceana contre la pêche illégale et pour la transparence en Europe, Vanya Vulperhorst.  

Les consommateurs ne disposent pas d’informations fondamentales pour les produits de la mer transformés, notamment quelles espèces ils mangent. De plus, il n’existe aucune exigence d’information sur l’origine des produits, ce qui empêche les consommateurs de choisir d’éviter certains produits en raison de préoccupations environnementales ou de respect des droits humains De même, des informations sur la durabilité des produits de la mer pourraient éclairer les consommateurs sur les impacts environnementaux associés, notamment le risque de dommage aux fonds marins ou de captures accessoires d’espèces protégées comme les tortues ou les dauphins. 

Les chaînes d’approvisionnement des produits de la mer sont complexes et s’étendent souvent sur plusieurs continents avant d’atteindre les consommateurs. Une récente enquête a révélé que 19 entreprises françaises, dont un fournisseur du Parlement européen, importaient des produits de la mer issus de Chine présentant des liens potentiels avec le travail forcé en mer et dans des usines de transformation de poisson.1 De même, la majorité des espèces de poisson utilisées pour produire des bâtonnets de poisson panés, très populaires en France, sont capturées par des navires russes2, et ce, même si la Russie est classée comme le deuxième pire pays au monde en matière de lutte contre la pêche illégale. 3 Contrairement à d’autres produits d’origine russe, les produits de la mer ne font pas partie  des sanctions de l’UE depuis l’invasion de l’Ukraine. 

Oceana appelle  la Commission européenne à réviser le règlement portant organisation commune des marchés (OCM), qui fixe des exigences concernant l’étiquetage des produits de la pêche et de l’aquaculture pour :  

  • Étendre son champ d’application pour inclure les produits de la mer transformés. Des informations essentielles notamment sur l’espèce, l’origine, l’engin de pêche utilisé et la méthode de production devraient être exigées pour tous les produits de la mer.  
  • Exiger que des informations scientifiques sur la durabilité du produit soient affichées sur tous les produits de la mer. Pour l’heure, il n’existe aucune exigence à l’échelle de l’UE en vue de fournir des informations sur la durabilité de ces produits, notamment sur le statut du stock, ce qui empêche les consommateurs d’identifier les produits durables sur la base de critères clairs et objectifs. Une étude d’une association française de consommateurs a révélé que 81 % des poissonniers dans les supermarchés vendaient des produits de la mer pêchés au moyen de pratiques non durables ou dans des populations épuisées.4 
  • Étendre son champ d’application en vue d’inclure le secteur des services alimentaires. Les entreprises de restauration collective, les hôtels et les restaurants devraient fournir des informations sur l’espèce, l’origine, l’engin de pêche et la méthode de production aux consommateurs.  En droit européen, le secteur des services alimentaires doit uniquement fournir des informations sur les allergènes.  

À l’heure actuelle, la législation exige uniquement que des informations à l’attention des consommateurs soient indiquées sur les produits de la mer frais et congelés, la plupart des produits transformés étant exemptés de cette exigence. Comprendre l’origine et la méthode de production des produits de la mer que nous consommons est essentiel pour prendre des décisions éclairées et durables.   

Références :  

1 The Outlaw Ocean Project. (s.d.) Discussion/Stakeholders. https://www.theoutlawocean.com/investigations/china-the-superpower-of-seafood/discussion/stakeholders/

2 Tjoeng, M., Eikelenboom, S., & Tokmetzis, D. (16 février 2024). Russian fish & ships: Europe helps Kremlin make billions off its maritime catches. Follow the Money. https://www.ftm.eu/articles/europe-transit-hub-for-russian-fish  

3 IUU Fishing Risk Index. (2023). Russie. https://iuufishingindex.net/profile/russia

4 UFC-Que Choisir. (2020). La pêche durable reste à quai ! Enquête sur la durabilité de la saisonnalité, des méthodes et des zones de pêche pour 8 poissons frais et pour le poisson surgelé. https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-la-peche-durable-reste-a-quai-onveutplusduchalut-n83139/?dl=63363.